Le titre de Dylan Caty sur 60m haies, la semaine dernière à Nantes, nous offre une belle occasion de donner un coup de projecteur vers Alain Deschamps, son entraîneur qui anime la section de l’ESA 59 basée à Feignies.

Alain, il y a longtemps que tu milites dans le milieu de l’athlétisme. Peux-tu nous rappeler ton parcours ?

J'ai commencé la pratique de l'athlétisme il y a déjà 40 ans sous l'impulsion de mon prof d'EPS de l'époque à Le Quesnoy, d'abord en temps que pratiquant avec quelques performances honorables (10''7 sur 100m, 7,30 en Longueur) puis en temps que dirigeant-entraineur de l'AC Le Quesnoy. Quelques années plus tard, je crée un club à Aulnoy lez Valenciennes ou je suis prof d'EPS et nous intégrons à cette époque l'Entente du Hainaut. J'y entraine quelques athlète en 1/2 fond qui iront jusqu'au niveau national : Grégory et Saadia Mansouri, Gladys Bourez ....
L'explosion de l'Entente du Hainaut et le manque d'installations sur Aulnoy nous poussent alors vers Anzin où je recrée un groupe sprint / haies / sauts. Là aussi, j’amène quelques éléments jusqu'au niveau national (Dorothée Boucaut: 12''40 sur 100m et 25''75 sur 200m et un relais 4x100m junior fille qui finira 9e au France entre autre...).
Durant ces années, tous ces athlètes sont issus de mes classes où je recrute beaucoup de monde, ce qui me permet d'ailleurs de participer aussi au championnat UNSS.
Il y a 6 ou 7 ans, je quitte Anzin pour me rapprocher de mon domicile et j’intègre le club de Feignies alors moribond. Avec quelques passionnés d'athlétisme, nous relançons cette association et nous intégrons l'ESA59 que dirige Jean Pierre Demerval qui est un ami de longue date. Bonne idée, puisque la section ne cesse de progresser et compte à ce jour 70 licenciés.
Parallèlement, j'organise depuis 15 ans, les Foulées de la Licorne à Gommegnies et je suis de très prés les résultats et les entrainements de mon filleul Sébastien Deschamps qui s'entraine avec un autre un bon copain, Yannick Le Guillou… »

  Tu es plutôt du genre discret et travailleur…Le titre de Dylan doit être une belle fierté pour toi…

Dylan arrive de Charleroi en septembre avec un titre de champion de Belgique et des performances de haut vol, 8''00 sur 60 haies et 13''97 sur 110 haies en cadet. De plus, il passe junior 1 et je n'ai jamais entendu parler de lui !!!
Jean Pierre, qui me le présente le 1er septembre au championnat de Belgique à Oordegem où je me suis déplacé pour le voir courir, me dit "Voici Dylan, tu vas pouvoir l'entraîner, c'est un gros challenge". Sans prétention je relève le défi. Je commence par apprendre à connaitre Dylan, à analyser toutes les vidéos de ses différentes courses et je décortique les études que je trouve sur le 110 haies. Très rapidement, une complicité s'établit entre nous et ce titre de champion de France en est l'aboutissement. A Nantes, j'ai vécu intensément toutes ses courses et surtout la finale qui était très ouverte et ou il fallait être aussi fort mentalement que techniquement. Le stress était énorme mais mission réussie. Je suis fier de Dylan, il peut encore beaucoup progresser. Maintenant il faut passer à la suite sans oublier qu'il n'est pas seul au club… »

  Quel est ton regard sur l’athlétisme nordiste, régional, national et international ?

La restructuration de l'athlétisme qui a été engagée par la fédération ces dernières années porte ses fruits puisque les résultats de nos équipes nationales sont en progression. Le nombre de licenciés est aussi en hausse mais une analyse plus fine doit nous amener à regarder ce qui se passe sur la piste, sur la route, le trail, la marche nordique et le cross. Côté cross et piste, les effectifs et les résultats m'interpellent parfois. D’autre part, l'école qui autrefois était un vivier pour l'athlétisme, n'a plus pour différentes raison cette fonction. Un regard  sur les compétitions UNSS vous le confirmera. Pourtant, l'athlé plait toujours mais il n'est pas assez médiatisé. A notre époque où l'information est de plus en plus visuelle, il y a matière à réflexion. Ensuite, les enfants du 21éme siècle sont "consommateurs-butineurs". il veulent toucher à tout en peu de temps d’où l’intérêt de s'adapter et de leur proposer un athlé ludique, peu contraignant avec des compétitions rapides. La LNPCA l'a bien compris en multipliant des journées de district avec des programmes de courte durée et en dédoublant les départementaux….
Les problèmes se situent en cadet/ junior avec des disciplines en difficulté et des jeunes qui quittent le monde de l'athlétisme parce que peu de choses existent pour s'entrainer et suivre des études lorsqu'on est étudiant ou parce que l'athlétisme ne leur offre plus rien qui les retient. Je pense qu'il faut mener une réflexion sur ces catégories et ce qu'on leur propose comme cela a été fait pour les benjamins / minimes. L'international, je le connais moins bien, mais la donne est différente et de ce côté-là, j'ai encore beaucoup de choses à apprendre…. »