Le délicat automne des courses hors-stade du Nord

    Les évènements dramatiques du 14 juillet dernier ont impacté le volet automnal des courses sur route d’habitude si riche et dense. De nombreuses organisations ont subi de plein fouet les consignes draconiennes émises par la Préfecture du Nord. La première course impactée fut le semi-marathon de la braderie de Lille dont l’annulation a entraîné dans son sillage de  nombreuses annulations. Nous avons posé quelques questions à des organisateurs de futures épreuves, lesquels ne cachent pas leur inquiétude.

La prochaine course en date, sera la « Course des terrils » à Raismes, le prochain week-end. Pour cette épreuve qui fait partie du patrimoine de la région, le Dr Bernard Durieux, Président du Comité d’Organisation de cette 33^ème édition, se veut plutôt confiant concernant sa tenue et a pris les mesures nécessaires. « Par mesure de sécurité, nous avons déjà renoncé à l’organisation du trail de 59 km car il y avait trop de routes à traverser, confirmait-il, il y a quelques jours. Nous avons aussi supprimé le feu d’artifice, le drone et nous tenons aussi à rester discret dans notre exposition médiatique. Nous sommes également en pourparler pour mettre en place une retransmission TV en « live » dans le parc du château afin de maintenir les spectateurs dans une enceinte sécurisable. Le départ aura lieu dans le parc du château de la CAPH qui est entièrement clôturé. Le comité peut se prévaloir de trois décennies d’organisation sans faille, notamment pour la gestion des parkings accessibles… » 

  Du côté de Sequedin, la « Sequedingue » prévue le 9 octobre, n’aura pas lieu. « Pour la Sequedingue, reconnaît David Vasseur, la messe est dite, il n’y a pas de plan B et du coup, il n’y aura pas de course en 2016. Pour la trésorerie, le fait d’annuler un mois avant, permet de limiter la casse et ne met pas à mal l’association. Prendre la décision une semaine avant, ça aurait été la mort de notre club. Comme je l’ai dit à nos bénévoles, le mot liberté disparaît de notre devise nationale car il s’agit bien d’une atteinte à nos libertés… »

   A Leffrinckoucke, on a reçu le feu vert de la sous-préfecture pour l’organisation de la course « Entre Dunes et Mer » qui se déroulera le samedi 8 octobre. « Nous avons eu une réunion d’urgence en mairie avant de rencontrer le sous-préfet le 14 septembre, confirme Pierre-Marie Libert, visiblement soulagé par la tournure locale des évènements. Nous avions prévu un plan B qui sécurisait davantage les zones de départ et d’arrivée avec filtrage des sportifs et accompagnateurs se rendant sur ces sites par des personnes qualifiées à hauteur de 1% des personnes présentes ainsi qu’une possibilité de bloquer des rues par des éléments assez lourds ou par des voitures. Concernant l’aspect financier, une éventuelle annulation ne mettrait pas à mal la trésorerie car notre but premier est d’offrir une belle course aux coureurs. Toutes ces contrariétés font qu’au lieu d’amener de la quiétude, de rassurer les coureurs, nous amenons de l’inquiétude et du stress. Je pense que nous allons trop loin dans cette démarche de sécurisation de nos manifestations… »

  Les 10 km et le semi-marathon de Marchiennes constituent habituellement les gros pelotons de l’automne. Cathy Barloy, l’une des chevilles ouvrières de l’organisation n’est pas encore rassurée quant à la tenue de l’épreuve même si le comité organisateur multiplie les initiatives pour assurer la meilleure sécurisation possible de l’évènement. « J’ai peur de devoir tout annuler, confie-t-elle à quelques semaines de la course. Dernièrement, j’ai passé une journée entière  avec le commandant de police. Nous avons refait les parcours et il m’a expliqué ce que nous devrions faire pour mettre en sécurité le public. J’attends l’arrêté de la sous-préfecture afin de voir avec les membres de l’association et Monsieur le Maire, ce que nous allons pouvoir faire. Je suis très inquiète car derrière cela, il y aura peut-être dix mois de travail pour rien, mais aussi trois mille tee-shirts commandés qu’il faudra payer, mais aussi dix mille flyers, quatre cents affiches déjà payés ! Si tout est annulé, il nous faudra rembourser les sponsors…De plus, allons nous garder notre label national ou pas ? Beaucoup de coureurs me contactent pour savoir si c’est maintenu. Quelle poisse !!! Je constate que les courses s’éliminent de jour en jour. Avec deux mille huit cents coureurs, impossible de mettre en place un plan B… »

  Les Foulées Halluinoises constituent un autre morceau de choix de ce second week-end d’octobre. L’épreuve chère à Bernard Décatoire se déroulera samedi en semi-nocturne puisque le responsable halluinois a obtenu gain de cause pour le maintien de sa course. « Nous étions certes inquiets, reconnaît Bernard Décatoire, quant à l’organisation de des Foulées 2016, suite aux évènements des derniers mois et des consignes sécuritaires qui en découlèrent. La réunion mise en place par la municipalité d’Halluin en présence de la police et de la gendarmerie ainsi que les pompiers, nous a permis de mettre sur pied un plan sécuritaire conforme aux demandes, en collaboration avec l’équipe municipale qui nous a donné les solutions afin de faire face à la situation. Cela n’engendrera pas trop de budget supplémentaire et permettra la mise en place de l’évènement…Il est bien évident que l’annulation de cet évènement, aurait été un manque à gagner pour le club qui, heureusement, ne compte pas exclusivement sur l’organisation des foulées halluinoises pour vivre. Cela aurait été un trou dans le budget 2017, mais nous aurions fait avec ce que nous disposons, ayant pour principe de base de ne pas dépenser l’argent que nous n’avons pas. Seuls les besoins quotidiens auraient été un peu diminués… »    

Dernières annulations en date : celles de la « Course du Chicon » à Baisieux le 30 octobre et d’Hellemmes, le 20 novembre.